Mis en ligne le 25 avril 2024 I CSR Observer
Interview
«Bouclons les boucles au risque de perdre nos pantalons!», c’est ainsi que Philippe Delaisse aime à paraphraser l’utilité de l’économie circulaire. Car si l’expression résonne de manière familière dans les oreilles de tous, peu sont ceux qui connaissent les tenants et aboutissants de cette vision qui décrit les rouages d’un écosystème qui repose sur l’affirmation que les déchets des uns sont les ressources des autres.
Ph. D. -Bouclons les boucles,… oui! Très simplement, on peut dire que l’économie circulaire est un système économique où les flux matières sont bouclés à l’instar de ce qui se passe dans la nature. Le principe même d’économie circulaire permet aussi d’améliorer les performances énergétiques d’un produit. En général, l’économie circulaire est alors couplée à un usage accru de sources d'énergies durables.
La réalisation de ces objectifs s'appuie sur des pratiques bien connues, à savoir: l'écoconception, le recyclage, le réemploi, la réparation, la réutilisation des déchets-ressources, l'usage de sources d'énergies durables, etc. L'allongement du cycle de vie des produits, la substitution de la vente d'un produit par la vente d'usage (exemples: facturation des photocopies à l'unité́, des kilomètres parcourus pour un véhicule plutôt que la vente ou l'achat de la machine), le prêt, le troc, le partage, la vente en seconde main, etc. sont autant de modelés économiques innovants qui contribuent à des degrés divers au succès de l'économie circulaire.
Cela fait un petit temps déjà qu’on entend parler d’économie circulaire. Beaucoup d’entreprises l’ont-elles adoptée?
Oui. Dans notre pays, cette mutation en profondeur de l'économie est déjà̀ engagée depuis longtemps. Un grand nombre d'entreprises l'appliquent déjà̀ en tout ou partie. Il est aussi utile de rappeler que la mise en œuvre de cette démarche trouve son origine dans le caractère «visionnaire» et la «persévérance» des patrons d'entreprises.
Dans un ouvrage daté de 1987, le CRISP décrivait d'une manière détaillée pour l'époque «L'écosystème Belgique». A cette époque, il était déjà̀ suggéré́ de développer une approche globalisante pour mettre sur pied une «nouvelle politique industrielle». Ce livre qui analyse l'économie belge d'une manière avant-gardiste nous montre à quel point les entreprises belges ont été pionnières dans la fermeture des cycles matières. La Belgique est sans aucun doute un exemple plus complexe, plus étendu et plus abouti que l'écoparc de Kalundborg, au Danemark.
Qu'en est-il de la mise en œuvre dans les entreprises ?
Des différences notables existent bien entendu entre entreprises. Cette révolution a débuté́ dans les secteurs où l'intensité́ énergétique et matière était particulièrement élevée. Autant dire que les exemples d'entreprises qui se sont engagées dans une stratégie circulaire abondent en Wallonie.
C'est le cas des industries du verre et papier qui, au siècle passé, se sont engagées dans la mise en œuvre des principes de l'économie circulaire. Et les résultats sont à la hauteur de leurs efforts. A titre d’exemple, en Belgique, depuis 2000, le recyclage des vieux papiers a été multiplié́ par 4.
Les fibres de cellulose sont réutilisées jusqu'à 5 fois avant d'être, en fin de vie, valorisées énergétiquement pour la production d'énergie verte. Le verre quant à lui peut être recyclé 100% et indéfiniment sans modifications de ses propriétés. En Belgique de nos jours, 96% du verre creux mis sur le marché́ est recyclé. Ce succès repose aussi sur les interactions et les collaborations avec les autres acteurs de l'économie.
Ainsi, "en amont du secteur papetier, le bois utilisé pour la production de pate à papier est issu d'un cycle naturel renouvelable et provient en an amont essentiellement des activités d'exploitation forestière et des scieries. En aval, les déchets de production papetière constituent des matières premières pour le secteur agricole et celui des briqueteries.
En quoi recommanderiez-vous l’économie circulaire pour les entreprises moins énergivores et moins voraces en matière premières?
La bonne logique veut qu’il est primordial pour une entreprise de sécuriser ses approvisionnements en énergie et en matières premières. Néanmoins, la seule logique ne suffit parfois pas. Et c’est effectivement encore un défi que de convaincre, ou plutôt devrait-on dire persuader dans ce cas, les PME à s’engager dans l’économie circulaire qui a tout son rôle à jouer face aux enjeux notamment climatiques.
Quels bons arguments pour achever de les convaincre?
Je pense qu’aujourd’hui, objectivement, les arguments ne sont plus questionnables. Ce que je peux ressortir de mon expérience, c’est que compte tenu des multiples impacts potentiels sur le modèle d'affaire, l'organisation et l'activité́ même de l'entreprise, le rôle du dirigeant de l'entreprise est central, incontournable. Si lui est convaincu, et qu’une stratégie claire et à long terme est adoptée, le succès ne peut qu’être au rendez-vous.
Auteur: JEAN HINS, CSR Observer
GROUPE FACTEUR 4
Business Model Circulaire (BMC) . Stratégie Bas Carbone . Croissance & Développement . Stratégie de durabilité . Energies renouvelables . Photovoltaïque . Greenbusiness . Décarbonation .
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